vendredi 9 janvier 2009

Je suis ce qui m'entoure

Je suis l’ombre de cette femme enveloppée d’un châle noir, la protégeant du soleil et du froid. Comme elle, je file la laine en descendant la colline qui se reflète dans le miroir du lac.

Je suis le turban de cet homme, au-dessus de ses yeux plissés par la lumière. Je tourbillonne sur sa tête et viens caresser son visage marqué par les années et sa longue barbe grisonnante.

Je suis le tablier de cette grand-mère, toujours impeccablement posé sur les genoux. Je l’accompagne dans ses mouvements, dans ses taches familières, jusque dans sa sieste.

Je suis la rosée du matin déposée après les ébats de la nuit. Jeune, fraîche, et humide, je m’évanouis avec la venue des rayons du soleil.

Je suis les conséquences de cette pluie diluvienne et interminable. Je suis aimée et détestée, je nourris, détruis et tue.

Je suis les seins fermes et pointus de cette Africaine, fiers de la nudité et de la nature qui les entourent.

Je suis la flamme de ce dragon, figée comme lui depuis des siècles sur le mur sans pouvoir me libérer.

Je suis la pipe du marin debout sur son bateau. Je suis son passe-temps, son repos, sa quiétude, sa patience. Sans moi, il n’est plus, debout sur son bateau.

Je suis ton reflet dans le miroir. Je t’observe, te juge, t’admire, seul le mouvement silencieux de mes lèvres te critique.

Je suis la pupille de ces yeux d’enfant, noire et intense, au milieu d’une mer blanche. Je suis fascinée par ce que je vois, ou noyée dans mes rêves.

Je suis le dernier souffle de cette fleur de l’eau et du soleil, récemment coupée et offerte à un inconnu, puis déposée sur le ciel bleu du bateau.

Je suis le coup de pinceau de ces taureaux. À la fois précis et léger, j’établis les contours dans un camaïeu de gris.

Je suis le sommeil de cette statue, son silence et son calme, sa sérénité, sa tranquillité, sa paix.

Je suis la bouche douce et pulpeuse de cette actrice inconnue, vieille de cent ans. J’esquisse un léger sourire séducteur par-dessus mon épaule nue.

Je suis les graines de blé dans la paume de sa main. Admirée et désirée, je réveille l’espoir des visages penchés sur moi.

Je suis les pierres précieuses de ce mausolée, le souvenir ambigu de l’amour, de la haine et de la mort.


(mon imaginatique)

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